À trois mois de la présidentielle, Patrick Achi renonce à sa nationalité française — vers une recomposition politique ivoirienne ?
Abidjan, 13 août 2025 — Le paysage politique ivoirien vient d’être secoué par une annonce inattendue : Patrick Jérôme Achi, ancien Premier ministre, a officiellement renoncé à sa nationalité française. L’information, publiée dans le Journal officiel de la République française le 12 août, intervient à moins de trois mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025.« Sont libérés de leur allégeance à l’égard de la France, les Français dont les noms suivent : Achi Patrick Jérôme, né le 17/11/1955 à Paris 14e », peut-on lire dans le document officiel.
Cette décision, hautement symbolique, soulève une série d’interrogations politiques. Est-ce une démarche personnelle, ou un signal d’alignement stratégique avec les ambitions du président Alassane Ouattara ? Faut-il y voir une volonté d’anticiper une candidature ou une manœuvre pour renforcer la légitimité du RHDP dans un contexte électoral tendu ?Une exigence constitutionnelle… et un timing révélateur
La Constitution ivoirienne de 2016, en son article 35, alinéa 3, impose aux candidats à la présidentielle d’être exclusivement de nationalité ivoirienne, nés de père ou de mère ivoiriens d’origine. Cette clause exclut de facto les binationaux, à moins qu’ils ne renoncent à leur seconde nationalité.
Patrick Achi, né à Paris, était jusque-là concerné par cette restriction. Sa renonciation intervient donc comme une levée d’obstacle juridique, mais aussi comme un geste politique fort. D’autant plus que cette démarche s’inscrit dans une série de renoncements similaires, comme ceux de Jean-Louis Billon ou Tidjane Thiam, tous figures pressenties pour la course présidentielle.Ouattara-Achi : une relation fusionnelle ?
Depuis son départ de la primature en octobre 2023, Patrick Achi a été nommé ministre d’État, conseiller spécial à la Présidence par Alassane Ouattara. Cette proximité, renforcée par des années de collaboration, alimente les spéculations sur une possible volonté du président de préparer le terrain pour son ancien chef de gouvernement.
Pourtant, lors du congrès du RHDP en juin 2025, Achi avait lui-même confirmé Ouattara comme « candidat naturel » du parti. Ce soutien public semble contredire l’hypothèse d’une candidature personnelle… à moins qu’il ne s’agisse d’un jeu d’ombres, où la renonciation à la nationalité française serait une carte gardée en réserve.Une recomposition en marche ?
La renonciation de Patrick Achi pourrait aussi être interprétée comme un signal adressé à l’électorat et aux cadres du RHDP : celui d’un homme prêt à se conformer aux exigences constitutionnelles, et à se repositionner dans le jeu politique national. Dans un contexte où l’opposition peine à se structurer, et où les candidatures crédibles se font rares, cette démarche pourrait redessiner les équilibres internes du parti présidentiel.
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